Cette semaine, Patrick et moi nous sommes faits lancer un défi dans le cadre de #défi20prof : écrire un billet de blogue ensemble (merci Catherine ! ).
Le défi qui semblait simple au départ s’est avéré un peu plus complexe lorsque nous avons mis nos 4 mains sur le clavier. Ça ne fonctionnait tout simplement pas. J’ai donc décidé (il en faut une qui prend des initiatives !) de lancer un sujet, d’écrire chacun de notre côté et ensuite de comparer nos écrits.
Le sujet que j’ai choisi était : l’école et moi.
Kathleen
L’école est un endroit que je n’ai jamais pu quitter. Pourtant, d’aussi loin que je me rappelle, je n’en garde pas nécessairement un super souvenir. Être en rang d’oignons, tous faire la même page au même moment, recevoir 3 fois la même explication d‘une notion même si celle-ci était déjà comprise dès le premier coup… Tous ces souvenirs font que l’école n’a jamais été pour moi une partie de plaisir. Ce que j’aimais de l’école, c’était les amies, les projets et tout ce que je pouvais faire afin de pouvoir m’identifier à qui j’étais.
Malgré tout, quand je pense aujourd’hui aux raisons qui m’ont poussée à continuer l’école malgré ce manque de motivation étant jeune, je ne saurais quoi vous répondre. Ma mère trouvait que je serais bonne là-dedans et que c’était tellement une belle job pour moi. C’est donc sans trop me poser de questions que je me suis dirigée en enseignement. C’est vraiment là que j’ai réalisé que j’étais à ma place et que c’était pour moi une réelle passion: Pouvoir aider les autres à devenir et surtout à développer qui ils sont en ne faisant pas comme les autres.
Aujourd’hui, je me regarde aller comme enseignante et probablement qu’à cause de l’héritage que j’ai reçu, je tente maintenant de faire épanouir mes élèves afin qu’ils trouvent cette étincelle qu’est l’apprentissage. Je tente de ne pas reproduire ce que j’ai reçu comme éducation à l’école. Je pense qu’en acceptant que tous soient différents, je vois des élèves se découvrir, développer leurs compétences et s’épanouir.
Aujourd’hui, la petite fille qui recevait des productions écrites noyées d’encre rouge, qui n’aimait pas du tout écrire et qui se sentait si mauvaise en rédaction a repris confiance en elle. Maintenant, je publie même mes idées. C’est fort l’influence d’un enseignant et son message peut laisser des traces bien profondes dans les pensées des élèves. C’est cette idée que je garde constamment en tête.
Patrick
My god. C’est le sujet choisi par mon amoureuse pour notre texte commun. Sérieusement, je capote. Ça doit faire vingt fois que je commence le texte, que je le rature, que je l’efface. Je n’arrive pas à trouver l’angle qui me convient pour écrire sur le sujet. Est-ce que je parle de mes années d’école qui ont teinté ma vie d’enseignant par la suite? Est-ce que j‘écris sur ma vision de l’école? Est-ce que j’écris sur les défis à relever comme direction d’école? Je pense que je vais laisser mes doigts glisser sur le clavier et on verra où ça va nous mener (si vous décrochez avant la fin, je ne vous en tiendrai pas rigueur, mais ça se peut que je vous boude un jour ou deux).
Là, ce qui me vient à l’esprit en écrivant, c’est la pression subie à devoir rédiger un texte sur un sujet que je trouve trop large et qui m’inspire peu. Ne vous méprenez pas: j’aime l’école et je pourrais discourir sur le sujet pendant des heures. Mais là, l’idée de devoir composer un billet de blogue sur une thématique imposée dans un délai prescrit me donne le tournis. J’imagine ce que doivent ressentir chaque jour nos élèves à qui on demande de répondre d’une certaine façon à des commandes élaborées par l’enseignant (qui les tirent lui-même de documents préparés par le Ministère de l’Éducation). Je ne suis surtout pas en train de garrocher des roches aux enseignants - j’en ai trop longtemps fait partie et je respecte trop leur passion et leur dévotion.
«Pour demain, vous devez me remettre un travail sur des symboles encore présents de la colonisation du Québec dans la société d’aujourd’hui. Votre travail se basera sur les 3QPOC et devra comporter des images commentées… » - premier cours de la journée; «N’oubliez pas: il vous reste la période pour terminer vos comptes-rendus des chapitres 1 à 4 du roman Tristan et Iseult.» - deuxième cours de la journée; «Expliquez-moi, ce qui, selon vous, nous permet de différencier la diffusion et l’osmose. Vous pouvez choisir le moyen qui vous plait, mais vous devrez illustrer de façon claire et avec au moins 3 exemples ce qui nous permet de différencier les deux méthodes.» Et on en est qu’au 3e cours, d’une seule journée! C’est de l’extraction de jus de cerveau à la puissance mille!
C’est ce modèle qu’on répète, année après année, depuis des décennies, voire des centaines d’années. J’ai passé au travers du système, tout comme vous et le petit voisin d’à côté qui se faisait niaiser parce qu’il avait les dents croches et qu’il zozotait. Je n’en suis pas mort et vous non plus. (Pour le petit voisin, ça fait longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. J’espère que la suite de son parcours a été plus heureuse.) J’ai accumulé un tas de connaissances, certaines sont encore fort utiles tandis que d’autres sont stockées quelque part dans un coin égaré de mon cerveau et je suis pas mal certain qu’il y a même des connaissances qui sont parties avec mon petit voisin et dont je n’aurai jamais de nouvelles.
J’ai rarement eu le choix de ce que je voulais apprendre, de comment je voulais l’apprendre et de la façon dont je devais démontrer que j’avais appris. D’autres l’ont fait à ma place et continuent de le faire pour les jeunes qui sont assis (bien inconfortablement en plus) sur nos bancs d’école.
C’est ce qui m’interpelle aujourd’hui. L’absence de choix dans les apprentissages de nos élèves. Je termine en vous disant que j’aime l’école. J’aime les échos de corridors, j’aime les sourires des amis qui se retrouvent (même s’ils ont eu une discussion sur FaceTime il y a une dizaine de minutes) et surtout j’aime voir l’éclat dans les yeux d’un élève qui vient de comprendre, qui vient d’apprendre quelque chose qui sera gravé dans son cerveau…
Là, ce qui me vient à l’esprit en écrivant, c’est la pression subie à devoir rédiger un texte sur un sujet que je trouve trop large et qui m’inspire peu. Ne vous méprenez pas: j’aime l’école et je pourrais discourir sur le sujet pendant des heures. Mais là, l’idée de devoir composer un billet de blogue sur une thématique imposée dans un délai prescrit me donne le tournis. J’imagine ce que doivent ressentir chaque jour nos élèves à qui on demande de répondre d’une certaine façon à des commandes élaborées par l’enseignant (qui les tirent lui-même de documents préparés par le Ministère de l’Éducation). Je ne suis surtout pas en train de garrocher des roches aux enseignants - j’en ai trop longtemps fait partie et je respecte trop leur passion et leur dévotion.
«Pour demain, vous devez me remettre un travail sur des symboles encore présents de la colonisation du Québec dans la société d’aujourd’hui. Votre travail se basera sur les 3QPOC et devra comporter des images commentées… » - premier cours de la journée; «N’oubliez pas: il vous reste la période pour terminer vos comptes-rendus des chapitres 1 à 4 du roman Tristan et Iseult.» - deuxième cours de la journée; «Expliquez-moi, ce qui, selon vous, nous permet de différencier la diffusion et l’osmose. Vous pouvez choisir le moyen qui vous plait, mais vous devrez illustrer de façon claire et avec au moins 3 exemples ce qui nous permet de différencier les deux méthodes.» Et on en est qu’au 3e cours, d’une seule journée! C’est de l’extraction de jus de cerveau à la puissance mille!
C’est ce modèle qu’on répète, année après année, depuis des décennies, voire des centaines d’années. J’ai passé au travers du système, tout comme vous et le petit voisin d’à côté qui se faisait niaiser parce qu’il avait les dents croches et qu’il zozotait. Je n’en suis pas mort et vous non plus. (Pour le petit voisin, ça fait longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. J’espère que la suite de son parcours a été plus heureuse.) J’ai accumulé un tas de connaissances, certaines sont encore fort utiles tandis que d’autres sont stockées quelque part dans un coin égaré de mon cerveau et je suis pas mal certain qu’il y a même des connaissances qui sont parties avec mon petit voisin et dont je n’aurai jamais de nouvelles.
J’ai rarement eu le choix de ce que je voulais apprendre, de comment je voulais l’apprendre et de la façon dont je devais démontrer que j’avais appris. D’autres l’ont fait à ma place et continuent de le faire pour les jeunes qui sont assis (bien inconfortablement en plus) sur nos bancs d’école.
C’est ce qui m’interpelle aujourd’hui. L’absence de choix dans les apprentissages de nos élèves. Je termine en vous disant que j’aime l’école. J’aime les échos de corridors, j’aime les sourires des amis qui se retrouvent (même s’ils ont eu une discussion sur FaceTime il y a une dizaine de minutes) et surtout j’aime voir l’éclat dans les yeux d’un élève qui vient de comprendre, qui vient d’apprendre quelque chose qui sera gravé dans son cerveau…
C’est drôle, parce que même si Patrick et moi échangeons beaucoup, partageons souvent les même idées et avons rédigé sur le même sujet, je réalise que nos textes sont complètement différents, mais se recoupent aussi sur certains points.
Cela met en lumière d’une façon si évidente que nos élèves aussi sont différents. Que ce qui allume l’un, peut éteindre l’autre. Que là ou l’un réussit avec facilité, l’autre doit bucher pour se rendre au fil d’arrivée. Que chacun se développera à sa façon, avec son potentiel, ses qualités et ses limites.
C’est avec cette réflexion que nous nous posons la questions : pourquoi exigeons-nous de nos élèves de faire la même chose, de remettre des copies identiques? Encore trop souvent, nous leur demandons de résoudre la situation de la même façon, de découper la même pomme rouge en suivant le même pointillé. Il faut accepter que chacun, avec son petit bagage, trouvera une solution au problème de façon différente. Il faut accepter que certains découperont une pomme, d’autres un ananas ou un rutabaga et qu’il y en aura peut-être même un qui découpera un ramboutan.
Cela met en lumière d’une façon si évidente que nos élèves aussi sont différents. Que ce qui allume l’un, peut éteindre l’autre. Que là ou l’un réussit avec facilité, l’autre doit bucher pour se rendre au fil d’arrivée. Que chacun se développera à sa façon, avec son potentiel, ses qualités et ses limites.
C’est avec cette réflexion que nous nous posons la questions : pourquoi exigeons-nous de nos élèves de faire la même chose, de remettre des copies identiques? Encore trop souvent, nous leur demandons de résoudre la situation de la même façon, de découper la même pomme rouge en suivant le même pointillé. Il faut accepter que chacun, avec son petit bagage, trouvera une solution au problème de façon différente. Il faut accepter que certains découperont une pomme, d’autres un ananas ou un rutabaga et qu’il y en aura peut-être même un qui découpera un ramboutan.
Acceptons cette divergence et grandissons en apprenant des autres. Ainsi, nous sommes convaincus, que les petits enfants que nous avons été sauront profiter au maximum de chacun de ses moments passés à l’école.
Kathleen et Patrick
Kathleen et Patrick